Ils et elles veulent travailler.
Ce que veulent les personnes durablement privées d'emploi, ce n'est pas l'assistance, mais un emploi salarié. Un emploi de droit commun, avec le lien social et la protection auxquels il donne accès.
Extrait de Caritas.mag mai 2020. Témoignages recueillis par Corinne Jacquiéry
Que le travail demeure une référence non seulement économiquement mais aussi psychologiquement, culturellement et symboliquement dominante, les réactions de ceux qui en manquent le prouvent.
Castel Robert, La métamorphose de la question sociale, une chronique du salariat, Fayard, 1995
D'autres témoignages
Michael, 52 ans
« Je suis terriblement frustré de ne pas pouvoir travailler. Et cela fait cinq ans que cela dure! Ce n’est pas une question de formation. Au contraire. Je suis diplômé de l’École Hôtelière de Lausanne (…). Aujourd’hui, on me dit que je coûte cher ».
Caroline, 47 ans
« Mon projet professionnel n’était pas de toucher l’aide sociale. J’ai découvert que les bénéficiaires étaient souvent considérés comme les restants de la colère de dieu. J’ai pourtant un CFC de laborantine en biologie et je viens d’obtenir un deuxième CFC d’employée de commerce en faisant une validation d’acquis à Caritas Genève (…). Le problème du chômage de longue durée, c’est qu’on perd aussi des relations amicales. Je ne sors plus avec des amis car je n’ai pas envie que cela soit eux qui paient tout le temps. Dans ces occasions-là, je me suis sentie vraiment misérable ».
Francine, 35 ans
« Quand je ne fais rien, mon moral en prend un coup (…). Mon rythme idéal serait un job à 50 à 60%. Physiquement et moralement, je ne tiens pas une journée, mais je peux être à fond dans un laps de temps donné ».
Valérie, 55 ans
« Cela fait près de dix ans que je suis hors du marché du travail, même si j'ai eu des activités de réINSERTIOn dans des magasins de seconde main. J'ai commencé à travailler très jeune dans des bars et des restaurants. J'ai arrêté car je n'avais plus envie de me faire agresser par des clients avinés (…) Toutes les semaines, je postule quelque part. J'aimerais bien trouver quelques heures à temps partiel pour améliorer ma situation financière. (…) ».
Olivier, 62 ans
« Je ne veux surtout pas rester à l'aide sociale jusqu'à ma retraite. J'ai un pied dans l'exclusion et un pied dehors. Je connais des gens comme moi qui ne sortent que la nuit. Ils ne supportent pas de voir le mépris dans le regard des gens qui les considèrent comme des parasites qui ne font rien de leurs journées ».
Extraits de témoignages recueillis par Corinne Jacquiéry, journaliste, à la demande des Caritas romandes.